Faire face aux conduites addictives :
état des lieux & recommandations

Synthèse

Le monde connait une recrudescence des conduites addictives qu’elles soient liées à l’usage de substances psychoactives de diverses natures (tabac, sucre, alcool, drogues, etc.) ou à la pratique de certaines activités potentiellement addictogènes (paris, jeux d’argent, jeux vidéo, Internet, etc.).

Le Maroc ne déroge pas à la règle. La revue des différentes manifestations des conduites
addictives révèle que le phénomène y est répandu et multiforme. Les indicateurs et données les plus récents caractérisent cette situation préoccupante :

  • l’usage des substances psychoactives est estimé à 4,1%, l’abus et la dépendance aux drogues à près de 3%, l’abus d’alcool à 2% et la dépendance alcoolique à 1,4% ;
  • 18.500 personnes s’injectent des drogues, avec des prévalences élevées de l’Hépatite C (57%) et du VIH (11,4%) ;
  • une population estimée à près de 6 millions de fumeurs de cigarettes dont un demi-million de mineurs de moins de 18 ans ;
  • 2,8 à 3,3 millions de personnes pratiquent le jeu d’argent, dont 40% sont considérés comme des joueurs à risques excessifs ;
  •  l’usage pathologique des écrans, jeux vidéo et internet, est en plein développement, touchant particulièrement les adolescents et les jeunes.

Toutes ces addictions atteignent gravement ceux qui en dépendent et altèrent leur intégrité psychique et leur santé. Elles constituent, en même temps, une épreuve aux coûts élevés et aux effets potentiellement très préjudiciables pour l’équilibre relationnel des individus et de leurs familles, pour leurs revenus et leurs ressources matérielles, pour l’état sanitaire et moral de la collectivité nationale et, par extension, pour le potentiel de développement économique et social de notre pays.

Malgré l’existence d’une stratégie nationale de lutte contre les addictions portant sur la période 2018-2022 élaborée par le ministère de la Santé, les conduites addictives ne sont pas suffisamment reconnues et prises en charge par les organismes de protection sociale, ni traitées comme des maladies alors qu’elles sont définies comme telles par L’OMS.

Les politiques publiques en la matière demeurent insuffisantes, dominées par une approche répressive et fondées sur un cadre légal désuet et non-protecteur.

Face à ce constat, le CESE préconise un ensemble de recommandations, dont il est permis de citer :

  1. Reconnaitre les addictions, avec ou sans substance, comme des maladies éligibles à des soins remboursables.
  2.  Réviser et actualiser le cadre légal de la couverture médicale aux fins de clarifier la nature et préciser la typologie des troubles addictifs considérés comme des maladies nécessitant des traitements.