Mot du Directeur

Le Monde connaît des changements importants dans le domaine de l’usage de drogues. Le rapport annuel 2017 de l’Office des Nations Unies sur les Drogues et le Crime (ONUDC) révèle que la prévalence d’usage dans le Monde est de 5.3% chez les 15-64 ans donnant un nombre total de 255 millions d’usagers de drogues. Trente millions ont un trouble de l’usage de drogues.

Douze millions sont des injecteurs de drogues dont six millions ont l’hépatite C et 1.6 millions sont porteurs du VIH. Le même rapport évalue à 190.000 le nombre de décès par overdose,
essentiellement par les opioïdes prescrits, détournés ou achetés sur le marché noir. D’ailleurs, cette épidémie de décès liés aux opioïdes, surtout en Amérique du Nord, est le fait saillant de ces dernières années et est entrain de faire tâche d’huile dans le reste des pays développés. Selon le CDC, 64.000 morts par overdoses ont été enregistrés aux Etats Unis en 2016. La tendance va en s’accélérant pour y atteindre plusieurs centaines de milliers sur les dix prochaines années.

Le cannabis reste, de loin, la drogue illicite la plus utilisée dans le Monde. La consommation de la cocaïne et de l’héroïne est relativement stable, voire en recrudescence pour la cocaïne. La production de l’héroïne est en progression

Alors que ces drogues « classiques » continuent à être consommées à travers le Monde, de nouvelles drogues font leur apparition et de manière croissante. Les nouvelles substances psychoactives, ou NSP, représentent le nouveau défi mondial. Elles sont fabriquées à partir de précurseurs chimiques divers dans des laboratoires clandestins. Elles tendent à mimer les effets du cannabis, de la cocaïne, des opiacés, de l’ecstasy, du LSD et des anxiolytiques.
De « nouvelles » NSP apparaissent tous les ans. Leur nombre avoisine les 700 et le noyau constitué de 70 à 80 produits constitue le gros du trafic. Les cannabinoïdes synthétiques sont le meilleur exemple de ces NSP. Le danger des NSP est la difficulté à les identifier, à les repérer, et à traiter leurs multiples effets parfois très dangereux. Elles constituent, ainsi, un vrai problème de santé publique. Les NSP à effet stimulant et les cannabinoïdes synthétiques demeurent les plus prisés. L’autre défi mondial actuel ne réside pas dans un type de drogue particulier mais plutôt dans les nouveaux procédés d’acquisition. L’avènement d’internet a révolutionné le trafic de drogues au niveau mondial, et ce n’est que le début. Le « darknet » englobe des plateformes de vente sur le net, étanches et difficiles à contrôler, qui constituent aujourd’hui un mode opérationnel de plus en plus utilisé pour l’obtention des drogues. Une connexion internet, quelques clics et la commande est passée pour le type de drogue désiré, la quantité voulue et l’adresse de livraison souhaitée.